Alors que s’ouvre aujourd’hui le Salon du livre et de la presse jeunesse à Montreuil, les écrivains du genre restent parmi les créateurs les plus mal payés.
Le Club des cinq, vous vous souvenez ? Bien sûr,
vous vous souvenez, c’est là que vous avez tout appris, ou presque.
Dagobert, le chien fidèle, qui vous a sensibilisé à la cause animale,
Claude, la garçonne de la troupe, la chef de bande, qui vous a ouvert
aux questions du genre. Et les autres : François, Annie, Michel, qui
vous ont montré comment la diversité peut et doit faire groupe. Vous
vous souvenez de ces soirées passées sous la couette à lire à la lueur
d’une lampe de poche, des soirées où vous êtes devenus lecteur. Et
pourtant, pour nos éditeurs, on pourrait croire qu’Enid Blyton -
600 livres à son actif - et ceux qui lui succèdent ne valent pas
tripette. La preuve ? Les auteurs jeunesse sont parmi les créateurs les
plus mal payés. Leurs droits (6 % en moyenne sur le prix du livre hors
taxe) sont près de deux fois inférieurs à ceux de leurs confrères de
littérature générale (autour de 10 %), des essais et de la bande
dessinée. Résultat, le premier maillon de la littérature jeunesse est au
plus mal. Nombreux sont ceux, mêmes les grands noms habitués des gros
tirages, qui tirent la langue. Encore plus nombreux ceux qui rencontrent
de grandes difficultés et se paupérisent. Depuis plusieurs mois, dans
l’ombre, face à des groupes multimillionnaires et à leur armada de
juristes, les auteurs jeunesse essaient de négocier avec un objectif
simple : être traités comme les autres. Ils ne veulent pas obtenir plus,
ils demandent juste l’égalité. La majorité des éditeurs renâclent.
Pourtant, les auteurs jeunesse méritent d’être considérés.
Aussi fou que la chose puisse paraître au néophyte bouffi de condescendance pour celui qui s’adresse aux enfants, écrire les aventures de Toto le poussin vert et réussir à prendre un lecteur balbutiant par la main, l’aider à franchir le cap du déchiffrement, lui donner envie de poursuivre, malgré les occlusives sur lesquelles il bute, est un réel travail d’écriture. Peut-être le plus important. On apprend à lire avec des livres. Parce que l’histoire nous entraîne et nous fait oublier les difficultés de l’apprentissage.
L’auteur jeunesse est plus qu’un simple raconteur : au travers de ses personnages, des univers qu’il construit, il accompagne son lecteur et lui donne des clés pour décoder le monde, ne pas le subir, pour s’en affranchir. Il lui apprend à persévérer, à écouter, à se dépasser.
La part qu’il prend dans la vie de ses lecteurs est immense. Les enfants sont intacts, entiers, ils détestent ou s’enflamment, vibrent et vivent avec une intensité que nous avons oubliée. Jusqu’à sa majorité à peu près, l’enfant enchaîne les premières fois, heureuses, démentes ou épouvantables : première rentrée scolaire, premier coup de foudre, premier deuil. La puissance des émotions est décuplée par leur nouveauté et, dès lors, inquiétante. L’enfant est souvent isolé face à ces séismes intimes, il croit être seul à les vivre.
Heureusement, il y a les livres. Ils lui révèlent à quel point la joie, la douleur, l’amour et l’horreur sont universels. Le jeune lecteur y rencontre des héros qui affrontent les mêmes situations que lui. Mieux : ils s’en sortent. Certes, parfois aidés d’une baguette magique mais qu’importe, ils surmontent. Ils survivent.
L’auteur jeunesse est un ami, un acteur incontournable du «bien grandir». Par son travail, il transcende les frontières du possible et offre au lecteur une main bienveillante qui l’aide à avancer. C’est un rôle essentiel. Alors pourquoi, en France, les auteurs jeunesse ne sont-ils pas traités comme leurs pairs ? Qu’est-il arrivé pour que lorsqu’il signe son contrat, l’auteur jeunesse soit si infantilisé, et contraint d’accepter des conditions trop souvent déplorables ? Aujourd’hui, même ceux qui dépassent les 15 000 exemplaires vendus ne peuvent souvent pas vivre de leur plume. Si la majorité des éditeurs rechignent à revoir les conditions de travail de ces auteurs, certaines maisons, grandes et petites, leur proposent des droits décents. C’est donc que c’est possible.
Pour faire évoluer la situation, faire reconnaître la qualité et l’importance de leur travail, les auteurs jeunesse ont besoin de soutien. Leur association professionnelle, la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse, qui regroupe quelque 1 400 adhérents, a lancé une pétition en ligne (1). Son but est d’informer et fédérer lecteurs, libraires, bibliothécaires et amoureux de la littérature jeunesse autour d’une cause simple : que ses auteurs ne soient plus la cinquième roue du carrosse, qu’ils puissent espérer écrire dans la sérénité, comme des créateurs qui occupent la place qui leur revient au sein de notre société.
Aussi fou que la chose puisse paraître au néophyte bouffi de condescendance pour celui qui s’adresse aux enfants, écrire les aventures de Toto le poussin vert et réussir à prendre un lecteur balbutiant par la main, l’aider à franchir le cap du déchiffrement, lui donner envie de poursuivre, malgré les occlusives sur lesquelles il bute, est un réel travail d’écriture. Peut-être le plus important. On apprend à lire avec des livres. Parce que l’histoire nous entraîne et nous fait oublier les difficultés de l’apprentissage.
L’auteur jeunesse est plus qu’un simple raconteur : au travers de ses personnages, des univers qu’il construit, il accompagne son lecteur et lui donne des clés pour décoder le monde, ne pas le subir, pour s’en affranchir. Il lui apprend à persévérer, à écouter, à se dépasser.
La part qu’il prend dans la vie de ses lecteurs est immense. Les enfants sont intacts, entiers, ils détestent ou s’enflamment, vibrent et vivent avec une intensité que nous avons oubliée. Jusqu’à sa majorité à peu près, l’enfant enchaîne les premières fois, heureuses, démentes ou épouvantables : première rentrée scolaire, premier coup de foudre, premier deuil. La puissance des émotions est décuplée par leur nouveauté et, dès lors, inquiétante. L’enfant est souvent isolé face à ces séismes intimes, il croit être seul à les vivre.
Heureusement, il y a les livres. Ils lui révèlent à quel point la joie, la douleur, l’amour et l’horreur sont universels. Le jeune lecteur y rencontre des héros qui affrontent les mêmes situations que lui. Mieux : ils s’en sortent. Certes, parfois aidés d’une baguette magique mais qu’importe, ils surmontent. Ils survivent.
L’auteur jeunesse est un ami, un acteur incontournable du «bien grandir». Par son travail, il transcende les frontières du possible et offre au lecteur une main bienveillante qui l’aide à avancer. C’est un rôle essentiel. Alors pourquoi, en France, les auteurs jeunesse ne sont-ils pas traités comme leurs pairs ? Qu’est-il arrivé pour que lorsqu’il signe son contrat, l’auteur jeunesse soit si infantilisé, et contraint d’accepter des conditions trop souvent déplorables ? Aujourd’hui, même ceux qui dépassent les 15 000 exemplaires vendus ne peuvent souvent pas vivre de leur plume. Si la majorité des éditeurs rechignent à revoir les conditions de travail de ces auteurs, certaines maisons, grandes et petites, leur proposent des droits décents. C’est donc que c’est possible.
Pour faire évoluer la situation, faire reconnaître la qualité et l’importance de leur travail, les auteurs jeunesse ont besoin de soutien. Leur association professionnelle, la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse, qui regroupe quelque 1 400 adhérents, a lancé une pétition en ligne (1). Son but est d’informer et fédérer lecteurs, libraires, bibliothécaires et amoureux de la littérature jeunesse autour d’une cause simple : que ses auteurs ne soient plus la cinquième roue du carrosse, qu’ils puissent espérer écrire dans la sérénité, comme des créateurs qui occupent la place qui leur revient au sein de notre société.
Pétition!
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