vendredi 5 février 2016

Encore une lettre... Finiront-ils par nous entendre ?



 Il y a plus d'un an la caisse de retraite complémentaire obligatoire des auteurs décrétait sans nous concerter, de passer d'un prélèvement forfaitaire de 240 euros par an environ, à 8% de nos revenus. Ce qui représente un salaire. Maigre, oui et pour cause, la situation professionnelle des auteurs était déjà extrêmement précaire. Nous avons tenté maintes fois de faire intervenir les ministres de la Culture et des Affaires Sociales. En vain. Le décret est passé. Une nouvelle lettre vient d'être envoyée à l'Elysée...
Lien ici.

Monsieur le Président de la République, Mesdames les ministres de la Culture et des Affaires sociales,

Nous, artistes auteurs, sommes exaspérés d’être considérés comme des pions sur un échiquier où se jouent des parties nulles ; où des reines, des cavaliers et des fous condamnent les pions à attendre et attendre jusqu’à l’usure, alors que la fin s’avère écrite d’avance, sans la moindre écoute des propositions émises par nos représentants.

Nous, artistes auteurs, sommes exaspérés par les promesses non tenues, les simulacres de dialogue social, le partage inéquitable de la valeur que nous créons et le manque de considération de notre situation économique et sociale pourtant aussi parfaitement connue qu’inquiétante.

S’agissant de la réforme de notre retraite complémentaire, le 30 décembre 2015 vous avez fait promulguer, en catimini, un décret contre l’avis des représentants des artistes auteurs alors que fin juillet 2015 vous aviez vous-même conditionné la réforme à une « large acceptabilité ».

Aujourd’hui nous demandons au gouvernement l’abrogation immédiate du décret RAAP-IRCEC et l’ouverture de négociations avec nos représentants. Ce décret est parfaitement inadapté aux spécificités de nos professions artistiques. Il dégrade encore un peu plus nos conditions d’exercice professionnel déjà extrêmement précaires.  

En mars 2013, les ministères de la Culture et des Affaires sociales se sont engagés à améliorer la protection sociale et la qualité de service de leurs organismes sociaux (Mdass et Agessa). Or, à ce jour, vos ministères ne soutiennent aucune mesure d’amélioration et méprisent les demandes des artistes auteurs dans la loi sur la création.

Sans artistes auteurs, pas de livres, pas d’expositions, pas de spectacles, pas de musique, pas de films, etc. L’arbre « florissant » des secteurs de la création cache la forêt de la paupérisation et des relations inéquitables avec celles et ceux sans qui ils n’existeraient pas. Notre revenu médian est deux fois plus faible que celui des salariés. Nombre d’entre nous n’atteignent même pas le seuil de pauvreté.

Monsieur le Président de la République, Mesdames les ministres, vous nous avez promis des améliorations.

Dans les faits, vous nous imposez des dégradations sans concertation. Ces agissements indignes sont d’une grande violence dans le contexte social et économique qui est le nôtre. Visiblement vous n’en mesurez ni l’ampleur ni la profondeur, comme en témoigne la récente « affaire des médailles » suite au FIBD 2016 à Angoulême.

Aujourd’hui, chez les artistes auteurs, au désarroi a succédé la colère. Entendrez-vous enfin leur parole ?
Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, Mesdames les ministres, l’expression de nos sentiments révoltés.

6 commentaires:

  1. Tu sais, maintenant, je désespère de ce pays pour l'emploi... gouvernement égoïste !
    En salarié, je perçois sur 100 € brut, je touche 80 € et l'état par ses taxes retraites / chomage / secu / prévoyance / CSG pompe 60 € (dont 20€ en salariale).
    Bref, là où je touche 80 €, mon patron débourse 140 €. (+les taxes de formation, taxes d'apprentissage ...)
    Et là, après je paie des impôts, car on est un couple qui travaillons : revenus, fonciers, habitations, contrôle des installations sanitaires
    Alors, les questions, pourquoi l'état rale après les entreprises qui n'empoient pas plus de monde ? pourquoi les entreprises étrangères s'implantent en grande pompe et derme au bout de 2-3 ans (et encore) après avoir eu des aides ?
    Les patrons et autres indépendants soumis au RSI (hors intermittents du spectacle, c'est encore un autre domaine)... même combat, impossible qu'ils s'offrent une assurance chômage trop couteuse, pour avoir une retraite décente, il faut trouver un salaire correct tous les ans et paye son RSI et autres cotisations sur cette base...
    Le pays tombe en ruine et s'appauvrit de son patrimoine (vendu aux riches honk-kong/qatar/...), on s'enrichit de fonctionnaires (gendarmes/policiers post attentats), on s'appauvrit en médical (fermeture de structures hospitalières,... ), on abaisse nos connaissances et on rabaisse ce qui a fait nos valeurs (l'affaire de "l'accent circonflexe" et l'appauvrissement de notre langue, littérature). Bref on est ruiné, le pays est ruiné... et on creuse encore !

    Moralité, je suis de tout coeur avec toi... avec vous et les valeurs que vous défendez !

    Biiises,
    Michel

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    1. On fait le même constat... Effrayant. Cela dit je vois les mouvements citoyens se renforcer, des collectifs s'étendre, s'organiser. La défaite est une étape transitoire. :)

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  2. Tu parles... là où on fera un chant révolutionnaire, ils n'entendront pas les tintements des fourches du peuple, mais seulement celui de la redevance Sacem pour la diffusion des droits... on est foutus j'te dis !
    Du temps des rois, tu guillotinais le couple royal et c'était bon... tu t'imagines le TAF avec le gouvernement, le parlement, le séant, les généraux, ... ALLEZ, plus qu'un an avant les prochaines présidentielles, tu vas avoir dans les mois à venir de belles promesses Ôôôôôôh oui !
    Courage à toi :)

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  3. C'est fou cela, quand je lis des trucs comme ça, je pense à toi ;)
    http://lentreprise.lexpress.fr/creation-entreprise/statuts/rsi-1-07-euro-la-super-retraite-d-une-ancienne-commercante_1766376.html

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    1. :D ho my oui, le rsi... J'ai une soeur concernée par le sujet ...

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