mardi 21 janvier 2014

Ryadh Sallem et Lulu tome 2



Ma chère Lulu,
Et te voici à nouveau, ma jeune amie débrouillarde, en piste pour une nouvelle aventure avec ton fidèle Fred… Et me voici, moi, à nouveau sollicité pour accompagner vos exploits ! Une drôle d’histoire peuplée de robots… Ca me fait réfléchir : qu’est-il préférable à notre société? Des robots auxquels la technologie donne un soupçon d’humanité ? Ou des humains que la société transforme en robot ? Je préfère, finalement, des humains et des robots qu’il faudrait davantage encore humaniser !
Inspiré par l’épatant Fred, j’avais encore envie de parler de fauteuil. De ce fauteuil roulant qui nous offre, à toi et à moi, la liberté de nos mouvements mais qui, pour les autres, n’est que le symbole, très déprimant, du handicap ! Ecoute bien comme c’est paradoxal : lorsque je demande où se trouvent les toilettes accessibles, on me répond le plus souvent que les toilettes handicapées sont par là-bas, en m’indiquant une porte avec le petit logo bleu du fauteuil roulant ! Ca me fait marrer et je réponds : « j’vais peut-être pas y aller si les toilettes aussi sont handicapées ! »
Je voulais surtout que toi et moi, avec l’aide du très malin Fred, nous affirmions que ce fauteuil n’est pas un « objet » triste qui se considère avec accablement et pitié. Il est notre liberté pleine et entière. Il est le mouvement et le déplacement. Il est tout sauf le handicap dont il neutralise les conséquences les moins agréables ! Je n’ai rien contre le handicap, c’est une partie de mon identité, et je suis, comme toi Lulu, une personne handicapée. Voilà tout ! Mais je supporte mal l’immobilité forcé, l’impossibilité de bouger, de crapahuter et de parcourir ma vie à « grandes enjambées » électroniques! Et quand je veux, je peux aussi rouler à pleins tubes ! C’est mon fauteuil, un peu déglingué et essoufflé d’avoir tant rou! lé, comme ton Fred, qui m’offre cette liberté de vivre en mouvements!
Qui est le plus handicapé, au final ? Celui qui a ses bras et ses jambes et ne s’en sert que pour se vautrer dans un fauteuil devant la télé en vivant sa vie par procuration devant un flot d’images ? Ou celui qui, aidé par un Fred ou un autre compagnon de métal et de roues, réalise ses rêves ? Les plus quotidiens comme les plus dingues ? Va à l’école, au boulot, fait du sport et se balade à travers le monde ? Il y a fauteuil et fauteuil et à tout prendre, les notre sont notre chance ! Et ton Fred, comme mon super fauteuil de compétition sont des amis dévoués que chacun, autour de nous, devrait saluer comme étant les instruments de notre « vie qui va ». Et la vie, avec un fauteuil, le plus simple possible ou blindé d’électronique, elle ne va pas si mal que ça, n’est-ce pas Lulu ? ! Mais je pense aussi à tous ceux, un peu plus abimés, qu’un Fred, si perfectionné et débrouillard qu’il soit, ne peut épauler. Ceux que la mécanique, les roues, l’électronique ou l’inventivité humaine ne peut mettre en mouvements. Leur Fred, à eux, c’est leur imaginaire. La force de leur pensée qui crée des mondes fantastiques et les embarquent, d’un battement de paupière ou lors d’une respiration, dans des voyages à travers des univers réels ou non.
Avec Fred ou sans Fred, « pour de vrai » ou dans sa tête, il faut bouger, Lulu, se bouger et piloter sa vie.

Ryadh Sallem

Lien vers le site du Lombard ici

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire